Dysplasie Rénale chez le Terre-Neuve

Dysplasie Rénale chez le Terre-Neuve

Dysplasie Rénale chez le Terre-Neuve

Votre question, tout à fait légitime, est pourquoi j’effectue les tests génétique pour la dysplasie rénale?
Ma réponse est assez simple, je suis toujours passionnée et ne veux en aucun cas produire des chiots malades….
Mes recherches m’ont amenés à découvrir que la dysplasie rénale était présente pour la race Terre-neuve, d’où les tests génétiques proposés par le laboratoire Dogenes que j’effectue sur mes chiens pour optimiser le minimum de risque de cette maladie chez mes chiens et chiots.
Mon « programme d’élevage » pour la sélection me pousse toujours à faire les meilleurs combinaisons mais aussi à en connaître le plus sur la santé de mes chiens et/ou futurs ainsi que de mes chiots !
Après de multiples études et lectures scientifiques sur le sujet, je vous propose cet article synthétisant ces dernières, vous trouverez les sources en bas de l’article…
Mais surtout, la lecture de cet article doit être complète, je reste à votre disposition pour répondre à toutes vos questions ou incompréhension sur ce sujet….
Bonne lecture, peut être à bientôt…

Qu’est-ce que la dysplasie rénale ?

Tout d’abord, la dysplasie rénale fait partie des maladies rénales héréditaires (aussi nommées maladie rénale familiale ou néphropathie familiale) tout comme l’amyloïdose, l’hypoplasie corticale, la glomérulopathie familiale.
La dysplasie rénale (RD) se définie par un développement anormal des reins. Pour être plus exacte, il s’agit d’un développement désorganisé du parenchyme rénal qui entraîne une différenciation anormale de l’organe occasionné par l’immaturité des gloméniles et le disfonctionnement des néphrons. Ce qui provoque la non assurance du rôle principal de ces organes, à savoir l’épuration suite à une réduction de la masse fonctionnelle des reins.

Cette malformation peut être génétique ( héréditaire ou congénitale) ou acquise. La forme génétique de cette maladie se retrouve dans de nombreuses races. Malheureusement, il n’y a aucun remède miracle et cette maladie est à terme mortelle, faisant suite à une insuffisance rénale chronique (très douloureuse pour votre chien). Un traitement de soutien et un régime alimentaire spécifique peuvent améliorer la qualité de vie du chien, ainsi que sa durée. Seul un vétérinaire peut vous fournir le traitement adéquat ainsi que les conseils nécessaires mais avant tout le diagnostic.

Quels sont les symptômes de la dysplasie rénale (RD) ?

Impossible d’observer le moindre symptôme à la naissance car les reins ne sont pas encore totalement formées.
Les premiers symptômes peuvent apparaître à partir de 4 mois mais aussi jusqu’à 2 ans (rarement plus tard lorsqu’héréditaire). Aucune généralité ne peut être faite, car les premiers signes sont très subtils. Il est, néanmoins, bon de reconnaître certains détails : retard de croissance, abattement, augmentation de la consommation d’eau, anémie, anorexie, amaigrissement, troubles digestifs divers (vomissements, augmentation de la miction), dysorexie, polyuro-polydipsie,… .
Les chiens souffrants de dysplasie rénale sont, le plus souvent, définis comme étant atteints d’insuffisance rénale qui à terme (l’une comme l’autre) se termine par le décès.
Il faut bien noter que les symptômes et la gravité de la RD sont très variables d’un chien à l’autre, je vous l’explique après !

Expression clinique et diagnostic de la dysplasie rénale (RD) :

La dysplasie rénale se traduisant par l’incapacité des reins à se développer, les chiens atteignant l’âge adulte (+/-) ont toujours des cellules rénales de type fœtale (n’ayant pas évoluées). Une biopsie d’un petit morceau de tissu rénal est effectuée pour affirmer le diagnostic. Au microscope, l’analyse dévoile des glomérules sous-développés, des grappes compactes de ces capillaires qui filtrent les déchets et l’excès d’eau dans le sang (ces déchets sont rejetés par l’urine). Le pourcentage de glomérules fœtaux, de tubules (fœtaux, immatures), de persistance des canaux métanéphritiques entourés de territoires mésenchymateux primitifs, de fibrose interstitielle et de métaplasie osseuse ou cartilagineuse du stroma trouvés dans la biopsie et l’histologie sont déterminants dans la gravité de cette maladie. Toutes les races de chiens atteintes de DR présentent ce phénotype.

Le diagnostic commence de base par une analyse urinaire pour connaître la densité, le rapport entre les protéines urinaires et la créatinine urinaire (PU/CU). Une analyse de biochimie peut déterminer l’évolution (l’augmentation) de l’urée et de la créatinine sanguine.
L’échographie permettra de détecter des lésions rénales (bosses, kystes…) ainsi qu’une dimension anormale (atrophie, petite taille) des reins.

Et surtout et enfin, l’analyse histologique des biopsies (chirurgie) saura DEFENITIVEMENT conclure l’anomalie rénale adéquate. Lors du décès de l’animal, une nécropsie pourra être réalisée sur les reins , CET EXAMEN EST LE SEUL PERMETTANT DE PROUVER SI LA MORT A ETE OCCASIONNEE PAR UNE DISPLASIE RENALE.

La génétique de la dysplasie rénale ? :

Bonne nouvelle : aujourd’hui  un test génétique est non seulement possible mais disponible pour déterminer si un chien est à risque de développer une dysplasie rénale ou la transmettre (vous trouverez le lien vers le laboratoire en fin d’article).

Lorsqu’un chien est reconnu « libre (Clear) », il est sain et non porteur de la maladie. Ceci correspond, génétiquement, à un Terre-neuve homozygote d’allèles non mutés (wt/wt : les deux allèles sont donc identiques et dits sauvages).

La RD est ainsi due à un allèle ayant subi une mutation sur le chromosome 7, elle se traduit soit par une insertion, une délétion ou une modification de la séquence du brin d’ARN. Les recherches du Professeur M.H. Whiteley ont démontré que cet allèle est dominant à pénétrance incomplète, ce qui explique que certains porteurs ne présentent que de faibles signes de la maladie durant leur jeune âge. Puisque cet allèle est dominant, cela signifie qu’un chien possédant un ou deux allèles mutés pourra être atteint de dysplasie rénale à plus ou moins court terme. De plus, il existe 4 variants alléliques qui ne présentent pas le même impact sur l’expression de la maladie.

Dans son étude, la Cyclooxygénase (Cox-2), généralement considérée comme une enzyme, se définie comme le gène prédéterminant de la dysplasie rénale. Les différents variants allèliques sont associés à une hyperméthylation du promoteur Cox-2 pour l’espèce canine.

Le but de tester les reproducteurs étant de pouvoir contrôler à minima la propagation et l’héritabilité de la RD qui est bien génétique et non acquise. L’espoir étant de permettre l’élimination de cette mutation dans le cheptel puisque les chiens ayant une biopsie normale mais porteur de la mutation sont susceptibles  de transmettre la maladie à leurs chiots.

La différence entre la biopsie et le test génétique est que ce dernier ne pourra pas vous permettre d’évaluer le stade de la maladie.

Comme l’héritabilité de la dysplasie rénale est dominante avec pénétrance incomplète, cela signifie que tous les porteurs de l’allèle muté n’exprimeront pas de symptômes dans les mêmes proportions, voir parfois aucuns signes de la maladie. A contrario d’une pénétrance complète, où tous les porteurs seront malades sans variations.

De plus, ici, la pénétrance reste faible, il n’y a donc proportionnellement que peu d’adultes présentant des signes cliniques. Par ce fait, lors d’une biopsie rénale, le pourcentage de glomérules fœtaux sera très variable d’un individu à l’autre.

Certaines études estiment que 3 à 5 % des chiens porteurs décèderont d’une insuffisance rénale terminale, tandis que la mort des autres sera liée à une toute autre cause. En effet, la longévité de vie dépendra de la pénétrance de l’allèle à la naissance.

Lorsque la fonction rénale est réduite de 70 à 75 % , le rein ne peut plus faire son action d’épuration, il est ainsi correct de définir cette dysplasie rénale comme sévère ou modérée même si elle ne se déclare qu’après de nombreuses années sans aucuns symptômes.

Tableau récapitulatif pour l’expression des allèles concernant la RD en fonction de leurs impacts et les recommandations pour la reproduction :

dysplasie renale chez le terre neuve 1

Pour conclure sur la dysplasie rénale du Terre-neuve :

Il s’agit d’une maladie héréditaire chez le chien Terre-Neuve (ainsi que pour d’autres races). Les signes cliniques peuvent variés, de différentes intensités et se déclarer à tout âge. Malheureusement, l’issu est le plus souvent fatale…

Son diagnostic n’est pas évident et son héritabilité de transmission est complexe, de part un allèle dominant à pénétrance incomplète, un mode de transmission compliqué.

Heureusement, un test génétique est désormais possible afin de travailler sur le génome des reproducteurs.

Note importante : la dysplasie rénale ne se déclare pas obligatoirement avant les 2 ans de votre compagnon.

Cette maladie rénale héréditaire a été à tort, pendant plusieurs années, considérée comme étant une dysplasie rénale juvénile acquise pendant de très longues années. Cette erreur a conduit à une confusion de cette maladie et, de ce fait, cet allèle mutant a continué de se propager et la maladie est désormais bien plus présente !  

L’âge d’apparition est très variable et l’insuffisance rénale due à cette anomalie congénitale peut survenir à tout âge, même chez les chiens âgés. En fait, plus d’adultes de plus de 5 ans mourront de RD que de chiots. Et fin de compte, cette maladie raccourcira la vie de nombreux adultes.

ATTENTION NE PAS CONFONFONDRE LA DYSPLASIE RENALE AVEC TOUTE AUTRE PATALOGIE RENALE… OUI CE SERA QUASIMENT LA MEME ISSUE ….. SEULES LES BIOPSIES OU NECROPSIES AVEC CELLULES FOETALES ADEQUATES SONT UNE CERTITUDE POUR DEFINIR LE DIAGNOSTIC DE DYSPALSION RENALE!!!! !!!!
IL PEUT ETRE FACILE DE DIRE QUE C’EST L’ELEVEUR MAIS PLUSIEURS CAUSES PEUVENT ETRE ENVISAGE OU POSSIBLE !!!!!!…………….
MERCI DE BIEN LIRE OU RELIRE CET ARTICLE AINSI QUE LES LIENS…

Mon avis , concernant le futur du cheptel de notre race : plus les chiens seront testés et plus nous pourrons y voir clair concernant les mariages à risques ou non. Pour ma part, il ne faut pas supprimer systématiquement tous les chiens atteints ou porteurs de cette maladie. Je m’explique : il faudrait travailler ensemble, en toute transparence, afin de limiter sa propagation mais aussi pour pouvoir conserver une hétérogénéité génétique et phénotypique suffisante pour la race. Ce qui j’espère sera possible pour que cette maladie ne soit qu’un léger passage et surtout un souvenir (dans les années à venir) oublié !!!

J’insiste sur le fait qu’il existe de multiples anomalies et/ou rénales acquises, congénitales et/ou héréditaires selon les races, la dysplasie est loin d’être la seule et unique maladie touchant les reins :

  • insuffisance rénale
  • syndrome de franconi
  • amyloïdose rénale
  • agénésie rénale unilatérale
  • cystadénocarcinome
  • glomérulonéphtrite
  • hyperuicosurie
  • glomérulopathie
  • télangiectasie rénale
  • urolithiase à cystine ( cystinurie pour le terre-neuve)
  • urolithiase à silice
  • urolithiase oxalate de calcium
  • urolithiase à struvite
  • urolithiase à phosphate de calcium
  • urolithiase à urates
  • maladie rénale polykystique
    Avant TOUT, il faut être sûr de bien définir……… Dans certains cas une BIOPSIE est juste NECESSAIRE !

Vous trouverez des informations complémentaires sur les tests génétiques et les stratégies de sélection sur le site :

https://www.dogenes.com/RDfacts1.html

Lien vers l’article du professeur M.H. Whiteley :

https://clinicalepigeneticsjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1868-7083-6-7

Je vous invite également à consulter d’autres articles que j’ai réalisé sur la santé du Terre-Neuve, adulte ou chiot :

lien vers la page Information

Thèses vétérinaires reliées à la dysplasie rénale :